Culte de Pâques 2020

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Pâques



Par Judith van Vooren



Accueil et louange

 

Réveille-toi, toi qui dors, Relève-toi d'entre les morts,

et Christ t'éclairera ! (Ep 5,14)

 

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

 

Nous attendions ce jour avec une impatience grandissante

à la mesure de notre angoisse croissante.

Mais aujourd’hui, le Christ nous sort de nos tombeaux

avec lui , nous embrassons l’éclat d’un nouveau matin.

 

Il nous demandait de veiller avec lui, dans la nuit,

mais c’est lui qui nous a rejoints dans nos abîmes profonds.

Il ne nous a pas abandonnés à nous-mêmes

quand l’épaisseur de la nuit nous empêchait de voir,

quand dans la solitude nos pensées devenaient lourdes et sombres,

quand la crise mettait à rude épreuve notre confiance,

quand la maladie frappait à notre porte,

quand la mort rodait dans nos villes et villages

il était là et il ne nous a pas quittés;

jusqu’au bout de la nuit,

jusqu’à l’aube, il est là !

 

Ce matin il nous précède

sur le chemin de lumière d’espérance ;

il nous invite à nous tenir là, à marcher avec lui,

il nous appelle par notre nom,

il nous appelle à vivre !

 

 

Louange

 

Seigneur, au cœur de nos nuits et de nos déserts,

au cœur de ces temps où nous avons été écrasés et immobilisés,

tu as vu nos désespoirs, tu as entendu nos cris.

Et tu nous as manifesté ta présence de diverses manières.

Dans la parole d’un ami, dans le geste d’un inconnu,

dans la présence d’un frère ou d’une sœur,

tu nous as rejoints, tu nous as touchés,

tu nous as relevés et donné des forces nouvelles.

 

Ainsi, tu nous as remis en route.

Ainsi, tu as mis ta lumière dans nos nuits,

ta parole dans nos silences,

ta présence vivante dans nos isolements.

Ta vie nous a relevés de nos morts.

Tu nous as ainsi relevés, et tu nous as fait passer

de l’immobilisme à la marche.

C’est ainsi que tu nous as fait vivre

une véritable et profonde résurrection,

en nous révélant et nous donnant ta présence vivante et vivifiante

même au cœur de nos déserts mortifères,

même dans nos isolements les plus terribles.

 

Louange à toi, Seigneur de la vie, car ce matin encore,

tu nous fais renaître à Ta vie.

Louange à toi pour ta présence vivante et vivifiante qui donne son sens

et des couleurs nouvelles à notre aujourd’hui !

Elle nous redit que la résurrection nous est offerte,

à vivre dès le présent de notre vie,

par ta présence et ta parole.

Béni sois-tu ! ALLÉLUIA

 

 

Introduction à la lecture de l’Exode

 

Depuis le premier dimanche de cette année, nous avons relevé un défi : nous plonger,  avec Moïse et le peuple hébreu, dans la réalité de l’Egypte, 

comprendre les menaces qui pèsent sur le peuple,

comprendre ce qui nous menace ;

sentir leur angoisse, nommer la nôtre ;

comprendre leur découragement ou admirer leur courage,

et nous demander où sont nos limites...

Nous avons essayé de comprendre la stratégie et la politique du pharaon, des pharaons, 

et nous avons compris que face au mal nous sommes invités à résister.

Nous avons découvert l’humour comme arme redoutable

contre la folie meurtrière.

Nous avons entendu comment l’Eternel s’est fait connaître :

Présence fidèle, Il a pris fait et cause pour son peuple, fragilisé et réduit en esclavage ; pour le libérer Il s’est battu et Il accomplira sa promesse de libérer son peuple.

 

Aujourd’hui, c’est le grand jour !

Nous avons tenu bon ! Avec Moïse et le peuple hébreu nous traverserons la Mer des Joncs, ou la Mer Rouge, ou toute autre mer qui met en péril notre existence en même temps qu’elle nous ouvre notre avenir.

A notre droite et à notre gauche, les eaux se dresseront ; elles se feront menaçantes, le passage sera étroit ; mais ayons confiance : le bras de l’Eternel nous fraie un chemin à travers les vallées de toute mort ; nous passerons et ce sera comme une nouvelle naissance !

 


Exode 13:20-22; 14:19-31

 

Ils partirent de Soukkoth et campèrent à Etam, en bordure du désert. Le SEIGNEUR lui-même marchait à leur tête : colonne de nuée le jour, pour leur ouvrir la route — colonne de feu la nuit, pour les éclairer ; ils pouvaient ainsi marcher jour et nuit. Le jour, la colonne de nuée ne quittait pas la tête du peuple ; ni, la nuit, la colonne de feu.

 

L'ange de Dieu qui marchait en avant du camp d'Israël partit et passa sur leurs arrières. La colonne de nuée partit de devant eux et se tint sur leurs arrières. Elle s'inséra entre le camp des Egyptiens et le camp d'Israël. Il y eut la nuée, mais aussi les ténèbres ; alors elle éclaira la nuit. Et l'on ne s'approcha pas l'un de l'autre de toute la nuit. Moïse étendit la main sur la mer. Le SEIGNEUR refoula la mer toute la nuit par un vent d'est puissant et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent, et les fils d'Israël pénétrèrent au milieu de la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Les Egyptiens les poursuivirent et pénétrèrent derrière eux — tous les chevaux du Pharaon, ses chars et ses cavaliers — jusqu'au milieu de la mer. Or, au cours de la veille du matin, depuis la colonne de feu et de nuée, le SEIGNEUR observa le camp des Egyptiens et il mit le désordre dans le camp des Egyptiens. Il bloqua les roues de leurs chars et en rendit la conduite pénible. L'Egypte dit : « Fuyons loin d'Israël, car c'est le SEIGNEUR qui combat pour eux contre l'Egypte ! » Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Etends la main sur la mer : que les eaux reviennent sur l'Egypte, sur ses chars et ses cavaliers ! » Moïse étendit la main sur la mer. A l'approche du matin, la mer revint à sa place habituelle, tandis que les Egyptiens fuyaient à sa rencontre. Et le SEIGNEUR se débarrassa des Egyptiens au milieu de la mer. Les eaux revinrent et recouvrirent les chars et les cavaliers ; de toutes les forces du Pharaon qui avaient pénétré dans la mer derrière Israël, il ne resta personne. Mais les fils d'Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Le SEIGNEUR, en ce jour-là, sauva Israël de la main de l'Egypte, et Israël vit l'Egypte morte sur le rivage de la mer. Israël vit avec quelle main puissante le SEIGNEUR avait agi contre l'Egypte. Le peuple craignit le SEIGNEUR, il mit sa foi dans le SEIGNEUR et en Moïse son serviteur.

 

 

Prédication (première partie)

 

Chemin faisant, nous avons découvert ces derniers mois, la richesse et la profondeur de la symbolique du livre de l’Exode. En nous intéressant de près à ce livre, nous sommes devenus contemporains des protagonistes comme des personnages plus discrets dont la vie se déroule dans l’ombre du récit. Ainsi, nous avons partagé le désarroi des mères face aux menaces du pharaon, elles nous ont rappelé la vulnérabilité de nos enfants ; avec les sages-femmes égyptiennes nous nous sommes imaginées têtues et courageuses ; Moïse nous a permis de découvrir notre identité complexe et multiple ; nous avons appris à identifier ce qui nous tient liés et nous avons découvert que pour nous aussi un nouveau départ est possible.

A chaque étape de ce cheminement, nous avons tenté d’établir le lien avec l’œuvre libératrice et la réconciliation que nous partage le Christ Jésus.  Aujourd’hui, nous touchons vraiment au cœur du récit ou au point culminant : la sortie d’Egypte qui signifie la naissance du peuple.  En effet de nombreuses indications de lecture permettent de saisir cette dimension symbolique du récit. Mitsraïm signifie ‘étroitesses’, c’est un lieu de confinement étroit. Aujourd’hui, nous pouvons nous faire une petite idée de la pression grandissante qui envahit le peuple de plus en plus à l’étroit. A mesure que le peuple grandit,  les conditions de vie que leur impose le pharaon s’endurcissent. Le besoin de sortir n’en devient que plus pressant…   Mais la délivrance se fait attendre. Aucune ouverture, au contraire, la matrice reste obstinément fermée. Alors, telle une sage-femme, l’Eternel vient en aide de l’enfant en souffrance. Les dix frappes sont comme autant de contractions qui préparent à l’expulsion, comme il est écrit en 11,1 : Le Seigneur dit à Moïse : « Je vais amener une dernière frappe sur Pharaon et sur l’Egypte. Après cela il vous laissera partir d’ici, et même, plus que vous laissez partir, il vous chassera d’ici ! ». On sent toute l’intensité de l’événement, l’urgence aussi, une naissance n’est jamais sans danger, ni pour l’enfant, ni pour la mère… Toute la nuit l’Eternel déplace la mer par son souffle puissant (14,21) Quand finalement les eaux sont rompues, l’enfant s’engage dans le passage étroit qui mènera du confinement en Egypte vers l’espace de la liberté.

Ainsi on peut reconnaître à l’Egypte non seulement sa puissance absolue et destructrice mais également sa fonction matricielle qui permit à l’enfant de grandir jusqu’au moment de sa délivrance.

La symbolique de la nouvelle naissance ou d’un renouveau existentiel est encore approfondie lorsqu’on entend la résonance avec d’autres récits bibliques. Je pense notamment au raccord avec l’histoire du déluge qui partage avec notre récit un même vocabulaire : là aussi la vie est précieusement préservée dans le confinement de l’arche. Elle sera sauvée des eaux quand Noé et les siens sortent de l’arche et posent leurs pieds sur la terre sèche (Gen 9, 16 -18).

 

Dans le récit de l’Exode l’ange de Dieu marche tantôt au-devant du peuple tantôt derrière lui pour le protéger. Chagall lui réserve une place éminente tout en haut de son tableau. Stature gracieuse et allongée, l’ange protège, caresse de sa blancheur les premiers rescapés de la mort, les premiers-nés ; par le regard et le geste de la main, discret, la figure invite tout en douceur mais avec insistance, allez, sortez, traversez, la vie est devant !

 

Dans l’Evangile selon Jean ils sont deux. Tout de blanc vêtus ils se tiennent à l’endroit où le corps de Jésus avait été déposé, l’un à la tête l’autre aux pieds … Ils sont là, aux entrailles de la mort, les murs se dressent à droite, à gauche …

Comme dans le récit de l’Exode, ces anges font œuvre d’accoucheuse en ce qu’ils invitent Marie à se raconter : Femme, pourquoi pleures-tu ? Nous connaissons la force du récit de vie. Paul Ricœur écrit à propos du récit : « nous racontons des histoires parce que les vies humaines ont besoin et méritent d’être racontées ». Et « toute l’histoire de la souffrance crie vengeance et appelle récit ». 

 

Nous nous reconnaissons dans la figure de Marie, venue tôt le matin pour apporter ses soins au mort qu’elle pleure. Entièrement tournée vers le passé, elle est lourde de ses souffrances. Avec douleur et regret elle retourne dans ses pensées ce qu’elle considère comme un gâchis : la mort de Jésus est une rupture qui entrave définitivement le projet de vie qu’il lui avait proposé comme à tant d’autres. 

 

Dans son tableau Résurrection, panneau central de la tryptique Résistance, Résurrection et Libération, Chagall montre le Christ en croix, tout lumineux dans un monde qui brûle. Malgré le titre de cette œuvre ‘Résurrection’, on ne trouve ici aucune trace d’un Christ victorieux. Comme si l’artiste voulait dire que l’espérance de la vie nouvelle est à un prix très élevé … Celui d’un homme qui aime tellement qu’il va jusqu’au bout, jusqu’à la mort pour donner la vie.

A ses pieds une femme… Avec son enfant porté contre son cœur elle attend tout de lui, malgré sa douleur elle espère, se confie à lui, elle se raconte, aurait-elle entendu son nom ?

 


Jean 20:1-18

 

Le premier jour de la semaine, à l'aube, alors qu'il faisait encore sombre, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court, rejoint Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis. » Alors Pierre sortit, ainsi que l'autre disciple, et ils allèrent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Il se penche et voit les bandelettes qui étaient posées là. Toutefois il n'entre pas. Arrive, à son tour, Simon-Pierre qui le suivait ; il entre dans le tombeau et considère les bandelettes posées là et le linge qui avait recouvert la tête ; celui-ci n'avait pas été déposé avec les bandelettes, mais il était roulé à part, dans un autre endroit. C'est alors que l'autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entra à son tour dans le tombeau ; il vit et il crut. En effet, ils n'avaient pas encore compris l'Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d'entre les morts. Après quoi, les disciples s'en retournèrent chez eux. Marie était restée dehors, près du tombeau, et elle pleurait. Tout en pleurant elle se penche vers le tombeau et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis à l'endroit même où le corps de Jésus avait été déposé, l'un à la tête et l'autre aux pieds. « Femme, lui dirent-ils, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l'a mis. » Tout en parlant, elle se retourne et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était lui. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? » Mais elle, croyant qu'elle avait affaire au gardien du jardin, lui dit : « Seigneur, si c'est toi qui l'as enlevé, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le prendre.» Jésus lui dit : « Marie. » Elle se retourna et lui dit en hébreu : « Rabbouni » — ce qui signifie maître. Jésus lui dit : « Ne me retiens pas ! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. » Marie de Magdala vint donc annoncer aux disciples : « J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit. »

 


Prédication (suite)

 

Nous venons d’entendre un magnifique cantique. Légères et lumineuses, les voix interprètent quelques versets du Psaume 95 mis en musique par le compositeur John Amner :  Venez ! crions de joie pour le Seigneur, acclamons le rocher qui nous sauve !

 

Pourtant, en ce premier jour de la semaine, tous ne sont pas à la joie et la foi en Dieu Sauveur est mise à rude épreuve. C’est vrai pour certains d’entre nous comme c’était vrai pour Marie de Magdala ce matin-là.

A sa douleur devant la mort de Jésus vient s’ajouter la souffrance de la profanation de son tombeau … Elle ne pourra même pas faire ce qu’il convient et ce qui aurait signifié un peu de baume sur un corps, sur son âme … Prendre soin avec des gestes tendres de celui qu’elle aimait aurait été sa manière à elle de calmer sa douleur, d’apprivoiser la mort. Le tombeau vide signifie pour Marie une grande déception qui chasse la dernière miette d’espérance et de foi. Ce qui reste sont ses pleurs et sa solitude immense.

La première réaction de Marie devant le tombeau vide n’a pas été un ‘alléluia’ enthousiaste ni un ‘Christ est ressuscité’ liturgique mais un soupir qui devient silence :  ‘Je ne sais pas, je ne sais plus’...

La présence des deux messagers vêtus de banc ne parvient pas à lui rendre l’espérance. Mais si l’on écoute attentivement on entend le doux frémissement d’une timide mise en mouvement lorsque Marie est invitée à dire sa détresse aux deux figures en blanc.

A la différence des autres évangiles, la fonction des anges chez Jean n’est pas de révéler à Marie le sens du tombeau vide. Ces figures en blanc ne sont pas là pour répondre ou expliquer mais pour inviter Marie à s’interroger sur elle-même et sur le sens de ses larmes.  

Par leur question simple Femme, pourquoi pleures-tu ? les anges ouvrent le chemin du dialogue, intérieure comme extérieure et appliquent ainsi le baume d’un ordre nouveau sur sa blessure profonde. Marie exprime ses sentiments de façon répétitive : Je ne sais pas, je ne sais plus … Par ces mots elle exprime qu’elle se sent perdue, sans orientation, abandonnée…

Pour montrer que ce premier dialogue est le début timide d’un retour vers la vie, Jean écrit : Tout en parlant Marie commence à se retourner … Ce mouvement trouve son achèvement lorsqu’elle entend celui qu’elle prend pour le jardinier l’appeler par son nom. A ce moment seulement elle s’est retournée complétement. Le dialogue de Pâques bascule précisément lorsque Jésus prononce son nom : Marie ! expression ultime de reconnaissance. Lorsqu’elle lui répond : rabbouni ! Marie retrouve son bien-aimé par-delà la mort.

C’est toute la dynamique de la parole : prise de parole pour exprimer son désarroi et désespoir, et la parole pour prononcer le nom, et appeler ainsi la personne tout entière vers elle-même. C’est bien cette parole qui circule qui ramènera Marie à elle-même et à son Seigneur.

Cette même parole va la mettre également en relation avec les autres. Le dialogue devient trialogue et son univers s’élargit ; Marie renaît à elle-même, au Seigneur et au monde. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle pourra dire J‘ai vu le Seigneur !

Autrement dit, pour que Marie devienne témoin du Christ vivant il n’aura pas fallu une vision extraordinaire mais une conversion du regard qui passe par la parole, celle de Marie et celle du Christ, dans l’espace du dialogue.

Cela fait écho à cet autre passage de l’Evangile selon Jean qui renoue aussi avec le vocabulaire de l’Exode : Les brebis qui lui appartiennent, le berger les appelle chacun par son nom, et il les emmène dehors …  Il les emmène dehors, il les fit sortir ! Marie sort de sa tristesse. Elle est la première brebis à sortir de son confinement et à quitter l’enclos de la mort et du désespoir.

 

Il nous arrive à nous aussi d’être emmurés dans une tristesse ou solitude qui semblent sans fin. 

La joie de Pâques nous rejoint, chaque fois que ces espaces vides dans nos vies seront remplacés par une nouvelle orientation, un nouveau sens. L’Évangile de Jean nous annonce que la parole, l’écoute et le dialogue constituent un chemin possible pour guérir de nos blessures et de nos déceptions. Car ce chemin aboutira sur le renouvellement de notre être par la proclamation de notre nom.  Ce matin de Pâques, le Seigneur nous appelle par notre nom. Comme au jour de notre naissance, comme au jour de notre baptême, comme au jour où quelqu’un nous déclarait : je vous aime. L’entendons-nous ?   

 

Pour terminer cette méditation pascale reprenons le tableau de Chagall, Résurrection. Chagall crée cette œuvre dans le contexte de la guerre et de la Shoa. Le désespoir se dessine dans les couleurs sombres et épaisses, mais l’espérance se glisse dans son tableau par la lampe allumée, au centre à côté du Christ tout en lumière.  Cette lampe évoque la présence fidèle et l’amour de Dieu, comme aussi l’amour humain. Car l’amour est la seule espérance dans un monde en feu. 

Le récit de Pâques ne dit rien d’autre : Le premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre …

 

A l’aube profonde
les femmes arrivent
pour l’embaumement,
comme on arrive
pour l’enterrement d’une espérance
Dans leur cœur,
les souvenirs ont déjà goût de cendres
On pense rarement au future
dans les cimetières !

Mais voici
qu’au bord du tombeau
la pierre du passé
a roulé loin de la mort !

Dans le roc de leurs larmes,
une faille s’ouvre
dont elles ne savent d’abord que faire
Il faut du temps
pour apprivoiser la résurrection !

Et c’est alors
qu’au plus profond de leur nuit,

une parole neuve et claire les rejoint
La fin devient un commencement !
La vie leur ouvre un demain !

 

Seigneur,
toi qui te tiens
au seuil de nos tombeaux
où nous nous enfermons,
donne-nous de déposer à terre
les fioles de notre désespérance !

Que ta parole réveille en nous aujourd’hui
ce qui est retenu dans la mort !

Christ, Seigneur,
tu es le Vivant
et tu nous parles de vivre ! 


(Francine Carillo, in Traces Vives)

 


Prières d’intercession

 

Eternel Dieu,

en ces temps étranges, où nous célébrons Pâques,

chacun de son côté, mais unis par ton Esprit d’amour, 

nous te louons pour ta parole d’espérance,

elle nous dit la joie et la vie pour tous tes enfants.

 

Elle nous donne la force de prier

pour tous ceux qui donnent leur temps, leur énergie,

leur savoir et leur amour,

dans les hôpitaux et dans les maisons de soin et de repos,

ou encore à domicile.

Nous te prions pour les malades et pour ceux qui quittent ce monde

sans revoir ceux qui les aiment ….

Nous te prions pour tous ceux qui travaillent pour que la vie continue …

Nous te prions pour les plus vulnérables,

Pour ceux et celles qui fuient la violence, la guerre ou la famine

Nous te prions pour les pays qui sont moins bien outillés que nous pour affronter le coronavirus

Pour ceux qui apportent la réflexion nécessaire afin d’éclairer nos dirigeants

dans leur choix de stratégie pour vaincre la maladie.

 

Donne-nous, Eternel Dieu, une part de ta lumière,

une part de ton amour,

à partager avec nos proches qui sont devenus lointains …

 

 


 

Être là, Seigneur, lorsque la nuit tombe.

Être là, comme une espérance :

Peut-être allons-nous toucher le bord de ta lumière…

 

Être là, Seigneur, dans la nuit, avec au fond de soi

Cette formidable espérance :

Peut-être allons-nous aider un homme, très loin de nous, à vivre.

 

Être là, Seigneur, n’ayant presque plus de parole,

Comme au fond du cœur qui aime,

N’ayant plus de regard ailleurs que sur ce point de feu

D’où émerge la vie qui nous change en flamme.

Être là, Seigneur, comme un point tranquille tourné vers Toi.

 

Être là avec tous ceux qui nous tiennent à cœur,

Et savoir que nous nous entraînons tous dans ta lumière,

Et pas un instant n’est perdu.

 

Être là, Seigneur,

Nous abreuver à la Source qui indéfiniment coule.

 

Dieu de paix dont la paix n’est pas de ce monde

Dieu d’une vie qui abolira toute mort

Dieu compagnon

Qui te tiens tous les jours en nous,

Et entre nous,

 

Sois avec nous maintenant et pour l’éternité.

 

 

Envoi

 

Le Dieu de l’espérance nous comble de toute joie

et de toute paix, dans la foi,

afin que nous débordions d’espérance

par la puissance de l’Esprit. Amen

(Rom 15,13)