Le goût du miel

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Le goût du miel



Par Judith van Vooren



Exode 16,11-16 et 21-31


Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : « J'ai entendu les murmures des fils d'Israël. Parle-leur ainsi : Au crépuscule, vous mangerez de la viande ; le matin, vous vous rassasierez de pain et vous connaîtrez que c'est moi le SEIGNEUR, votre Dieu. » Le soir même, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp ; et le matin, une couche de rosée entourait le camp. La couche de rosée se leva. Alors, sur la surface du désert, il y avait quelque chose de fin, de crissant, quelque chose de fin tel du givre, sur la terre. Les fils d'Israël regardèrent et se dirent l'un à l'autre : « Mân hou ? » (« Qu'est-ce que c'est ? »), car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit : « C'est le pain que le SEIGNEUR vous donne à manger. Voici ce que le SEIGNEUR a ordonné : Recueillez-en autant que chacun peut manger. Vous en prendrez un omer par tête, d'après le nombre de vos gens, chacun pour ceux de sa tente. »

Ils en recueillaient matin après matin, autant que chacun pouvait en manger. Quand le soleil chauffait, cela fondait. Le sixième jour, ils recueillirent le double de pain, deux omers pour chacun. Tous les responsables de la communauté vinrent l'annoncer à Moïse. Il leur dit : « C'est là ce que le SEIGNEUR avait dit: Demain, c'est sabbat, jour de repos consacré au SEIGNEUR. Cuisez ce qui est à cuire, faites bouillir ce qui est à bouillir. Ce qui est en trop déposez-le en réserve jusqu'au matin. » Ils le déposèrent jusqu'au matin, comme l'avait ordonné Moïse. Il n'y eut ni puanteur, ni vermine. Moïse dit : « Mangez-le aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est le sabbat du SEIGNEUR. Aujourd'hui, vous n'en trouverez pas dehors. Vous en recueillerez pendant six jours, mais le septième jour, c'est le sabbat : il n'y en aura pas. » Or le septième jour, il y eut dans le peuple des gens qui sortirent pour en recueillir et ils ne trouvèrent rien. Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois ? Considérez que, si le SEIGNEUR vous a donné le sabbat, il vous donne aussi, le sixième jour, le pain de deux jours. Demeurez chacun à votre place. Que personne ne sorte de chez soi le septième jour. » Le peuple se reposa donc le septième jour. La maison d'Israël donna à cela le nom de manne. C'était comme de la graine de coriandre, c'était blanc, avec un goût de beignets au miel.

 

Exode 17, 1-7


Toute la communauté des fils d'Israël partit du désert de Sîn, poursuivant ses étapes sur ordre du SEIGNEUR. Ils campèrent à Refidim mais il n'y avait pas d'eau à boire pour le peuple. Le peuple querella Moïse : « Donnez-nous de l'eau à boire », dirent-ils. Moïse leur dit : « Pourquoi me querellez-vous ? Pourquoi mettez-vous le SEIGNEUR à l'épreuve ? » Là-bas, le peuple eut soif ; le peuple murmura contre Moïse : « Pourquoi donc, dit-il, nous as-tu fait monter d'Egypte? Pour me laisser mourir de soif, moi, mes fils et mes troupeaux ? » Moïse cria au SEIGNEUR : « Que dois-je faire pour ce peuple ? Encore un peu, ils vont me lapider. » Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Passe devant le peuple, prends avec toi quelques anciens d'Israël ; le bâton dont tu as frappé le Fleuve, prends-le en main et va. Je vais me tenir devant toi, là, sur le rocher — en Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira. » Moïse fit ainsi, aux yeux des anciens d'Israël. Il appela ce lieu du nom de Massa et Mériba — Epreuve et Querelle — à cause de la querelle des fils d'Israël et parce qu'ils mirent le SEIGNEUR à l'épreuve en disant : « Le SEIGNEUR est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

 

Jean 21, 1-14


Après cela, Jésus se manifesta de nouveau aux disciples sur les bords de la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta. Simon-Pierre, Thomas qu'on appelle Didyme, Nathanaël de Cana de Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples se trouvaient ensemble. Simon-Pierre leur dit : « Je vais pêcher.» Ils lui dirent : « Nous allons avec toi. » Ils sortirent et montèrent dans la barque, mais cette nuit-là, ils ne prirent rien. C'était déjà le matin ; Jésus se tint là sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui. Il leur dit : « Eh, les enfants, n'avez-vous pas un peu de poisson ? » — « Non », lui répondirent-ils. Il leur dit : « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez. » Ils le jetèrent et il y eut tant de poissons qu'ils ne pouvaient plus le ramener. Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Dès qu'il eut entendu que c'était le Seigneur, Simon-Pierre ceignit un vêtement, car il était nu, et il se jeta à la mer. Les autres disciples revinrent avec la barque, en tirant le filet plein de poissons : ils n'étaient pas bien loin de la rive, à deux cents coudées environ. 9 Une fois descendus à terre, ils virent un feu de braise sur lequel on avait disposé du poisson et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta donc dans la barque et il tira à terre le filet que remplissaient cent cinquante-trois gros poissons, et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas. Jésus leur dit : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n'osait lui poser la question : « Qui es-tu ? » : ils savaient bien que c'était le Seigneur. Alors Jésus vient ; il prend le pain et le leur donne ; il fit de même avec le poisson. Ce fut la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples depuis qu'il s'était relevé d'entre les morts.

 

 

Prédication


Chers frères et sœurs,


En ces temps de confinement, l’équipe de rédaction de l’émission Le Jardin extraordinaire a invité les téléspectateurs à partager les observations faites dans leur propre jardin, terrasse ou balcon. C’est un pur moment de bonheur et d’émerveillement de voir tant de vie dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Certains ont dit que la nature a repris ses droits et c’est vrai que certains animaux sauvages investissent l’espace laissé libre par les humains mais d’autres experts aiment à rappeler que le comportement animalier n’a pas fondamentalement changé ; ils précisent que c’est plutôt notre regard qui est transformé. C’est indéniablement un des bienfaits de ces temps étranges d’avoir à nouveau le temps pour s’étonner devant de nombreuses découvertes merveilleuses. Mân hou ! ? Qu’est- ce que c’est ?    


C’est l’une des deux questions qui constituent le cadre de notre lecture du livre de l’Exode ce matin. Mân hou ? La question se trouve en début de lecture. 


La question qui clôture notre lecture est d’une toute autre nature puisqu’elle sonne comme un reproche, une accusation : Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ?


Ces deux questions peuvent fonctionner comme une clé de lecture puisqu’elles font clairement apparaitre que notre texte propose deux regards, deux manières d’aborder et d’apprécier la réalité. Cette réalité est celle du désert, la vie qui est aussi la nôtre avec ses hauts et ses bas, ses étendues de sables à perte de vue et ses oasis, ses malheurs et ses bonheurs, ses difficultés et ses épreuves, la faim et la soif.


Le premier regard est celui de l’émerveillement et de la reconnaissance, il se résume en cette exclamation ‘Mân hou !’ Littéralement ‘C’est quoi ceci’ ! ? Comment est-ce possible, cette abondance de nourriture dans notre désert ? Quand l’essentiel, de l’eau et du pain, vient à manquer les Hébreux découvrent que l’Eternel est toujours le même ; Il reconnaît les besoins de son peuple, Il entend son cri et intervient: les cailles et la manne, cadeaux du ciel, clin d’œil de l’Eternel recueilli avec joie et confiance: Mân hou !  


Le deuxième regard est celui de notre inquiétude, de notre frustration qui peut mener à la méfiance quand on oublie les bénédictions ou quand ces bénédictions se font plus rares, c’est la situation présentée au chapitre 17 quand le peuple eut soif et s’exclame: Le Seigneur, est-il au milieu de nous, oui ou non ?


Voilà donc deux questions qui sont aussi les nôtres et expriment notre émerveillement et notre découragement, notre confiance ou notre méfiance. Mân hou ? C’est quoi ça ? et Le Seigneur, est-il au milieu de nous, oui ou non ? 


Le questionnement est, dans la tradition juive, une manière de grandir, d’avancer dans la foi, dans la vie, de s’approprier aussi l’histoire de Dieu avec les hommes. La tradition religieuse est transmise à travers la question d’un enfant, ainsi par exemple à l’occasion de Pessah, lors du seder quand un des enfants les plus jeunes demandera : pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? Ce sera l’occasion pour l’aîné de raconter le récit de la sortie d’Egypte. 


Où es-tu ? demande Dieu à Adam et ce sera pour lui l’occasion de se poser la question plus existentielle, ‘J’en suis où dans ma vie ?


Où es ton frère ? demande l’Éternel à Caïn, et ce sera l’occasion de s’interroger sur la relation qui nous lie les uns aux autres.


Moïse se détourne de son chemin pour aller observer le phénomène étrange du buisson ardent. Grâce à cette capacité de s’étonner, grâce à ce désir de comprendre, l’Éternel a pu se révéler à Moïse. 


Cette même recherche de sens est donc présente, de manière symbolique quand, au désert, le peuple se pose la question comment il va survivre. Dieu envoie la manne comme réponse mais c’est une réponse qui suscite immédiatement une nouvelle réflexion par le nom même de la nourriture puisqu’en hébreu la manne est une question et se traduit : qu’est-ce que c’est ?


Le rabbin Marc-Alain Ouaknin écrit : « Le mot lui-même, manne, est la question, le questionnement. L’homme ne reste pas dans la quiétude, dans l’évidence. Il parle, il s’interroge, il se met en question. Il ne se contente pas de l’ordre établi, il va au-delà, il se lance dans la traversée du désert. Il devient. » (Le livre brûlé).


Heureux sommes-nous, chaque fois que nous découvrons la présence et la fidélité de Dieu à travers les bénédictions quotidiennes, manger, boire, se vêtir, se réjouir, communiquer. Des cieux l’Éternel se penche sur notre existence, nous rejoint et nous bénit avec d’innombrables cadeaux, petits ou grands. Encore faut-il s’en rendre compte. Ne pas devenir blasé, indifférent, ou fatigué.


C’est dans ce sens que le rabbin Ouaknin continue sa réflexion sur la manne et écrit : « Avec la répétition, on oublie que la manne a été une question. Les hébreux sont nostalgiques, ils en ont assez de ces graines blanches, ils voudraient manger de la viande, revenir à un passé qui n’a peut-être jamais existé. Ils ressassent l’identique, le même, sans plus se soucier de l’avenir, sans s’interroger sur eux-mêmes » et toujours selon le rabbin, il s’agit là d’une faute « parce que la manne est ce qu'on en fait. Elle peut avoir tous les goûtstous les sens, et même toutes les consistances (ou presque), à condition de renoncer à la répétition, de reprendre sans cesse le questionnement. »

 

La manne est ce qu’on en fait ! Tout dépend de notre regard, de notre appréciation, de notre capacité à apprécier ce qui nous est donné. 

Je vous rappelle quelques versets du chapitre 16 qui nous partage la réflexion intime de Dieu : Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne, afin que je le mette à l’épreuve : marchera-t-il ou non selon ma loi ? On pourrait traduire : Avancera-t-il sur le chemin de la foi, fera-t-il confiance à ma parole dont la manne du ciel est l’expression ?


Le don de la manne était donc pour Dieu l’occasion de vérifier, d’éprouver la confiance que lui feraient les Hébreux. Allaient-ils le suivre ? 


Et la manne, ce pain du ciel au même temps que Parole de l’Éternel, ses promesses et sa Torah, allaient-ils vraiment la goûter, l’apprécier à sa juste valeur et l’intégrer dans le quotidien de leurs relations?


C’était la particularité de la manne d’être offerte en abondance ; chacun était invité à n’en prendre que selon son besoin quotidien. Rien ne devait être gardé pour le lendemain puisque chaque matin Dieu donnerait de la manne toute fraîche. Seul le sixième jour il fallait prévoir ration double afin de pouvoir se reposer au septième jour avec le Seigneur. Le don de la manne constituait donc un exercice quotidien de confiance et de partage aboutissant, semaine après semaine, à la célébration du shabbat, rappel à la fois de l’œuvre créatrice et libératrice du Seigneur Dieu. 


Ces dernières semaines notre inquiétude a pris la forme de rayons vides, de masques volés et de malheureuses réserves de papier toilette … Il a fallu rappeler le principe de la solidarité….  En temps de crise, faire confiance à la torah, qui se donne comme pain de la route pour tous, s’avère un véritable défi. L’enjeu est énorme car sans cette confiance à la manne/parole/torah, confiance qui nous implique au même titre qu’elle implique Dieu, sans cette confiance donc la présence même de Dieu sera remise en question : Le Seigneur, est-il au milieu de nous, oui ou non ?  


La manne est ce qu’on en fait … Quand on ne reconnaît plus la Parole donnée comme appel à la liberté, à la responsabilité, au partage et à la solidarité, elle devient loi stérile ; alors le questionnement cède facilement la place au murmure et à la contestation d’un Etre superpuissant peut-être, mais extérieur à moi, toujours à distance.


C’est le deuxième regard, celui qui ouvre sur notre inquiétude et notre ingratitude qui s’introduit dans notre vie quand nous ne reconnaissons plus les bénédictions. Alors il peut y avoir du pain et de l’eau en suffisance, on aura toujours peur qu’il n’y en a aura pas assez …


Mais il faut préciser que la question Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non peut être comprise de deux manières. Exactement comme la manne, la question est ce qu’on en fait …


Elle peut viser la présence de Dieu dans un sens spatial. Dieu est alors supposé agir pour nous mais indépendamment de nous, sans nous. On attend tout de Dieu sans nous impliquer soi-même. Dieu reste alors extérieur.


Mais on peut aussi comprendre la question d’un point de vue plus intime, psychologique ou existentiel. Le Seigneur est-il au-dedans de nous ? Fait-il remuer mes entrailles, est-il agissant en nous, en moi, comment nous met-il en mouvement ?


Cette question me paraît éminemment plus intéressante que celle moins engagée et moins engageante, qui cherche à identifier Dieu de manière objective et mesurable peut-être en demandant, tout en gardant une certaine distance :  où est Dieu ? Mais peut-être devons-nous dire que Dieu n’existe pas en soi ; par contre, nous pouvons le faire exister en lui réservant une place en nous, avec nous…


Cette idée rejoint je pense la dynamique de la fin de l’Evangile selon Jean. Christ ressuscité ne devient vivant pour moi qu’à partir du moment où je me mets à son écoute, quand je me lance à sa suite, quand je suis prête à risquer cette logique étrange de jeter les filets du côté droit …. Idée farfelue s’il en est puisque tout le monde sait que c’est l’endroit où se trouve le gouvernail qui garde les poissons à distance et gêne forcément les manipulations des filets… et pourtant… Cette invitation un peu folle symbolise et résume peut-être l’essentiel de la foi chrétienne : d’abord que la réalité du Christ ressuscité est effectivement une réalité participative. Puis, que cette foi est participation à un projet qui semble à priori aller à contre-courant de notre nature et de notre logique et finalement que malgré tout il s’agit d’une foi à portée universelle. Cette foi a de quoi étonner : mân hou ?


La fin de l’évangile selon Jean nous présente les deux regards qui structurent également notre lecture de l’Exode. L’un est fait d’émerveillement, l’autre est aveuglé par le découragement et la déception, finement exprimée par ces quelques mots de Pierre : je vais pêcher…  Pierre qui avait été appelé à suivre Jésus, à se mettre en route, à lui faire confiance, a décroché depuis un certain temps. Il a renié Jésus. A la question n’étais-tu pas, toi aussi, un disciple de cet homme ? il avait répondu : je n’en suis pas.  Mais l’Évangile cite également d’autres disciples : Thomas et les fils de Zébédée et Nathanaël de Cana en Galilée.


En citant la ville de Cana, Jean invite le souvenir du tout premier signe, quand l’eau avait eu le goût du vin. Ils sont sept au total et ils représentent, bien plus que le petit cercle des disciples, tous ceux et toutes celles qui y avaient cru : que Jésus était lui-même la manne, le pain vivant du ciel. Ils sont rassemblés au bord de la mer de Tibériade, à l’endroit même où s’était produit le troisième signe quand Jésus multipliait le pain comme de la manne : il y avait eu l’abondance, assez pour nourrir la terre entière : 12 paniers et ce qui restait des 5 pains qu’ils avaient partagés. C’est là où Jésus avait parlé du pain de vie. Mais c’est là aussi que certains ont commencé à murmurer (Jean 6 : 41), on se croirait de retour au désert de l’Exode. Sauf que ce désert se dessine maintenant sous les traits de la mer. Noire et menaçante. Jésus avait marché sur ses vagues et avait dit à ses disciples de ne pas avoir peur, cela avait été le quatrième signe. Mais aujourd’hui sur le bord de la mer de Tibériade, plus aucune trace de ces signes forts, plus personne ne s’émerveille. Ce qui reste est une question : Le Seigneur, est-il au milieu de nous, oui ou non ? C’est le regard du découragement qui se concentre sur le manque et exprime la frustration, la peine : c’est la nuit des filets désespéramment vides. 


Manifestement, les disciples ne sont pas parvenus à intégrer dans leur vie la réalité de Pâques. Le Christ leur est encore extérieur. Tout comme le peuple d’Israël dans le désert, ils semblent ignorer comment vivre la vie nouvelle, ils n’ont pas encore goûté le miel.  C’est l’impasse.  


Ce qui va les mettre en mouvement, vous l’aurez compris, c’est une question. Eh, les enfants, n’avez-vous pas un peu de poisson ?  Jésus est bon pédagogue. Sa question invite à faire le point. Non, répondent les disciples, et ce Non résume le vide existentiel des disciples.  Mais c’est également à partir de ce constat que Jésus invitera les disciples à changer de regard, changer de vie : jetez vos filets du côté droit de la barque …


Si jusqu’à maintenant le Seigneur était au milieu d’eux en agissant pour eux, dorénavant c’est en dedans d’eux-mêmes qu’ils vont devoir le chercher. Il sera dans leur être, dans leur mise en route, leurs actions, dans leurs décisions : il ne fera pas de miracle en donnant des poissons en abondance mais il leur apprend à pêcher ; ainsi, la force du Seigneur va devenir leur force intérieure …


Voici 153 poissons, abondants comme la manne et les cailles, suffisant pour nourrir la terre entière.  Émerveillement : Mân hou ? Qu’est-ce que c’est ? Mais ici, la question n’a même plus besoin d’être posée car ils savaient bien que c’était le Seigneur.


C’est alors que Jésus prend la manne, le pain et le leur donne. Il fit de même avec le poisson... Partage, communion, espérance. 


Ce matin nous avons exploré deux questions, deux regards qui ne nous sont pas étrangers. Ni celui de la frustration et l’inquiétude : ‘Le Seigneur, est-il au milieu de nous, oui ou non ?’ - ni celui de la reconnaissance et l’émerveillement ‘Mân hou ?!’.


Qu’aujourd’hui encore nos yeux s’ouvrent sur la présence de l’Éternel au dedans de nous, au milieu de nos vies.


Amen

 



Prières d’intercession


Éternel Dieu

 

Nous te rendons grâce pour le don de ta parole

Manne du ciel

Nourriture pour notre route

Fais-nous la grâce d’y reconnaître ta présence

 

Toi qui a nourri ton peuple dans le désert

Assez pour chaque jour

Nous te prions pour ceux qui se lèvent et se couchent

Le ventre creux

 

Toi qui avais donné ton pain pour partager

Rends nous sensibles aux besoins d’autrui

Solidaires et généreux

 

Nous te prions pour ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté

Sur le seuil de notre porte

Que nous ne t’éprouvions pas par notre égocentrisme ou notre aveuglement

 

Pour les malades et les mourants,
pour ceux et celles qui sont à l’écoute
et pour les gestes d’attention et de soin

 

Que partout et toujours,
nous découvrions tes bénédictions

Que nous puissions encore nous émerveiller
devant les grands et petits cadeaux de la vie

 

Aujourd’hui nous te prions pour la paix dans le monde

Donne-nous un cœur assez nouveau pour oser encore la confiance

Fais que nous refusions la haine et le mépris

Fais-nous un refuge pour l’amour

 

Amen