Allège ta charge !

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Accompagnement musical par Jean-Marie Dzuba pour l'entrée, la méditation et l'envoi.

Lecture des textes biblique par Pierre-Paul Delvaux


Allège ta charge !



Par Judith van Vooren


 

Introduction


Au moment même nous serons nombreux et nombreuses à goûter la joie des retrouvailles avec nos familles, nous reprenons notre lecture du livre de l’Exode avec les retrouvailles de Moïse avec exactement quatre membres de sa famille : son épouse Tsippora, leurs deux enfants, Guershom et Eliezer, et Jéthro, le père de Tsippora.

De cette rencontre la Bible n’a retenu que les échanges entre Jéthro et Moïse.

D’éventuelles paroles échangées entre les époux, entre le père et ses enfants rien n’est dit … Y en a-t-il seulement eu ? Ou Moïse avait-il des choses plus importantes à discuter avec son beau-père ? Son travail pour le Seigneur semble passer avant toute autre chose.

Parce que pendant la méditation nous nous concentrerons sur les paroles de Jéthro, que Moïse accueilla à bras ouvert et avec tous les égards, permettez-moi d’accueillir Tsippora et ses deux fils et de réparer ainsi, ne fut-ce qu’un peu, leur oubli dans les Ecritures…

 

Tsippora, petit oiseau,

ton nom nous dit la légèreté de l’Esprit

qui pousse à aller là où il n’y pas encore de chemin tracé…

Avec courage tu pris un silex pour couper, retrancher,

ce qui faisait encore barrière entre Moïse et son Dieu.

On dit de toi que tu es une juste,

on dit de toi que tu es belle comme la nuit...

Tsippora, nous t’accueillons parmi nous !

 

Guershom, émigré sur cette terre,

ton nom rappelle que nous sommes tous des étrangers et passants

sur cette terre et dans cette vie.

Avec toi, nous cherchons un accueil, un lieu pour nous poser,

un endroit où nous pouvons déployer nos ailes.

Guershom, nous t’accueillons parmi nous !

 

Eliézer, Dieu est mon secours,

ton nom nous dit le soutien de l’Eternel.

Quand le chemin est dur, quand la séparation est insupportable,

quand l’adversité nous décourage,

tu nous rappelle la présence et la fidélité de l’Eternel.

Eliezer, nous t’accueillons parmi nous !



Exode 18


1 Jéthro, prêtre de Madiân, beau-père de Moïse, entendit parler de tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et pour Israël son peuple : le SEIGNEUR avait fait sortir Israël d’Egypte ! 2 Jéthro, beau-père de Moïse, prit Cippora, femme de Moïse – c’était après qu’elle eut été renvoyée – 3 et ses deux fils : l’un avait pour nom Guershom – Emigré-là – « car, avait-il dit, je suis devenu un émigré en terre étrangère »4 et l’autre, Eliézer – mon Dieu est secours – « car c’est le Dieu de mon père qui est venu à mon secours et m’a délivré de l’épée du Pharaon. » 5 Jéthro, beau-père de Moïse, ses fils et sa femme s’en allèrent vers Moïse, au désert où il campait, à la montagne de Dieu. 6 Il fit dire à Moïse : « C’est moi Jéthro, ton beau-père, qui viens vers toi ainsi que ta femme et ses deux fils avec elle. » 7 Moïse sortit à la rencontre de son beau-père, se prosterna et l’embrassa ; ils échangèrent les salutations et entrèrent sous la tente.


8 Moïse raconta à son beau-père tout ce que le SEIGNEUR avait fait au Pharaon et à l’Egypte à cause d’Israël, toutes les difficultés survenues en chemin, dont le SEIGNEUR les avait délivrés. 9 Jéthro se réjouit de tout le bien que le SEIGNEUR avait fait à Israël, en le délivrant de la main des Egyptiens.10 Et Jéthro dit : « Béni soit le SEIGNEUR qui vous a délivrés de la main des Egyptiens et de la main du Pharaon, qui a délivré le peuple de la main des Egyptiens ! 11 Je reconnais maintenant que le SEIGNEUR fut plus grand que tous les dieux, même dans leur rage contre les siens. » 12 Jéthro, beau-père de Moïse, participa à un holocauste et à des sacrifices offerts à Dieu. Aaron et tous les anciens d’Israël vinrent manger le repas devant Dieu avec le beau-père de Moïse.


13 Or, le lendemain, Moïse siégeait pour juger le peuple, et le peuple restait devant Moïse du matin au soir. 14 Le beau-père de Moïse vit tout ce que celui-ci faisait pour le peuple : « Que fais-tu là pour le peuple ? dit-il. Pourquoi sièges-tu seul tandis que tout le peuple est debout devant toi du matin au soir ? » 15 Moïse dit à son beau-père : « C’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu. 16 S’ils ont une affaire, ils viennent à moi, je règle le litige qu’ils ont entre eux et je fais connaître les décrets de Dieu et ses lois. » 17 Le beau-père de Moïse lui dit : « Ta façon de faire n’est pas bonne. 18 Tu vas t’épuiser, ainsi que ce peuple qui est avec toi. La tâche est trop lourde pour toi. Tu ne peux l’accomplir seul. 19 Maintenant, écoute ma voix ! Je te donne un conseil et que Dieu soit avec toi ! Sois donc le représentant du peuple en face de Dieu : c’est toi qui porteras les affaires devant Dieu, 20 qui aviseras les gens des décrets et des lois, qui leur feras connaître le chemin à suivre et la conduite à tenir. 21 Et puis, tu discerneras dans tout le peuple des hommes de valeur, craignant Dieu, dignes de confiance, incorruptibles et tu les établiras sur eux comme chefs de millier, chefs de centaine, chefs de cinquantaine et chefs de dizaine. 22 Ils jugeront le peuple en permanence. Tout ce qui a de l’importance, ils te le présenteront, mais ce qui en a moins, ils le jugeront eux-mêmes. Allège ainsi ta charge. Qu’ils la portent avec toi ! 23 Si tu fais cela, Dieu te donnera ses ordres, tu pourras tenir et, de plus, tout ce peuple rentrera chez lui en paix. » 24 Moïse écouta la voix de son beau-père et fit tout ce qu’il avait dit. 25 Dans tout Israël, Moïse choisit des hommes de valeur et les plaça à la tête du peuple : chefs de millier, chefs de centaine, chefs de cinquantaine et chefs de dizaine. 26 Ils jugeaient le peuple en permanence. Ce qui était difficile, ils le présentaient à Moïse, mais tout ce qui l’était moins, ils le jugeaient eux-mêmes.


27 Et Moïse laissa partir son beau-père, qui s’en alla dans son pays.



Matthieu 5, 17-20


17 N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais accomplir. 18 Car, en vérité je vous le déclare, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i ne passera de la loi, que tout ne soit arrivé. 19 Dès lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. 20 Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.


 

Prédication


Chers frères et sœurs, chers ami.e.s,

 

S’il y a quelque chose que la crise du corona a permis de révéler c’est l’insoutenable rythme de vie et de travail que nous sommes nombreux et nombreuses à devoir supporter ou à nous infliger à nous-mêmes, jour après jour, mois après mois, année après année.

Cette situation caractéristique de notre société s’est aggravée pour de nombreuses personnes qui depuis quelques mois travaillent pour deux, à domicile ou au lieu de leur travail. Leurs témoignages sont sans appel : entre la charge de travail supplémentaire, le stress dû à la crainte d’une éventuelle contamination, l’attention portée aux enfants, l’épuisement physique et mentale guette et sera sans doute mis au compte de la crise corona comme dommage collatéral quand nous en ferons l’analyse et le décompte final.

Au même temps, et paradoxalement, d’autres ont enfin pu souffler un peu. Au début les aveux étaient timides, puis ils se faisaient de plus en plus francs et audibles : tu sais, honnêtement, de toi à moi, j’aime bien ce temps de confinement qui me permet de souffler un peu et m’oblige de passer plus de temps chez moi, avec mon compagnon, ma compagne, mes enfants… Je redécouvre le plaisir de la lecture, du jardinage, de la cuisine… J’ai fait connaissance avec mes voisins que d’habitude je n’ai pas le temps de saluer et puis surtout, je dors tellement mieux ! 

Depuis quelque temps je constate aussi qu’il arrive que les premiers jalousent un peu les derniers… Signe peut-être que l’on commence à saisir les avantages du concept du slow life ?  Puis il y a ceux pour qui le manque de travail ne peut point réjouir puisqu’il est synonyme d’inquiétude, de manque et de précarité.

Que ce soit la souffrance de ceux qui triment, le soulagement de ceux qui lèvent le pied ou encore l’incertitude de ceux qui chôment, tout indique qu’il est temps de penser et distribuer autrement la charge du travail et des responsabilités diverses.

Hormis des situations de crise qui menacent des vies humaines, rien ne justifie de s’épuiser au travail. Abstraction faite de ces situations d’extrême urgence, le travail, tout travail, rémunéré ou non, devrait être exigé et fourni avec modération de manière à ce qu’il apporte non seulement le pain quotidien mais aussi un certain plaisir, de la satisfaction et l’épanouissement…

 

J’espère que nous retiendrons de cette crise que le temps est précieux. Le temps, dit notre dicton, c’est de l’argent, mais comprenons enfin que plus que l’argent, le temps c’est de l’or s’il est investi moins pour gagner sa vie que pour vivre tout court.

Le temps pour regarder l’herbe pousser par exemple, activité à laquelle je me déploie trois fois par jour, depuis que nous avons eu le temps de ressemer un bout de notre gazon… J’apprécie ce temps libéré qui s’invite comme autant de bouffés d’air frais dans un agenda encore suffisamment rempli pour mériter mon pain quotidien.

 

Qu’il est difficile de me détacher de ce sentiment de devoir ‘mériter’ mon pain par le travail accompli et ce malgré la prière ‘donne-nous notre pain de ce jour’. 

Sans doute suis-je trop imprégnée de la tradition protestante qui, comme nous le rappelle Max Weber, incite à chercher continuellement la confirmation du salut au travers d’une activité laborieuse conçue non pas comme simple gagne-pain mais comme profession-vocation (Beruf) qu’il convient d’exercer avec dévotion et sérieux.  Nous savons que Luther ne s’octroyait que peu de répit ; même le jour du Seigneur devait être utilement investi par l’étude de la Parole divine. Quant à Calvin, sa théologie de la double prédestination couplée au refus des œuvres comme moyen de gagner le salut, menait à une incertitude insupportable qu’on tentait de vaincre par l’assiduité au travail dont le fruit était le signe rassurant du salut et de la grâce divine. Puisque ce fruit du travail ne pouvait en aucun cas servir à autre chose que d’assouvir les besoins les plus fondamentaux, le profit devait être réinvesti après en avoir retenu une partie pour les dons aux pauvres. 

Mais je ne vais pas développer ici la compréhension wébérienne de la tradition réformée qui aurait facilité, sinon induit, l’esprit du capitalisme.

Par contre, il paraît salutaire aujourd’hui de soumettre à la critique biblique, une société qui fait du travail notre principale raison d’être, et ce à n’importe quel prix. Je voudrais rappeler à notre mémoire l’appel très ancien, puisqu’on le retrouve déjà dans la bouche de Jéthro, à ne pas s’épuiser à des tâches trop lourdes aussi nobles qu’elles soient.

 

Jéthro est un Madianite. Bien qu’extérieur à Israël, il avait pourtant bien enregistré l’essence de la foi du peuple hébreu. Il avait entendu parler de tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et son peuple.  Qu’il les avait fait sortir, qu’Il avait libéré le peuple de l’enfer de l’Egypte où la charge du travail était devenue de plus en plus lourde. C’est en repensant à l’œuvre libératrice de l’Eternel que Jéthro se permet de rappeler ce principe de liberté quand il constate qu’à peine sauvé de la soumission au pharaon, Moïse tombe sous le joug d’une autre servitude : celle qui consiste à se croire tout seul responsable de tout et de tous.

 

Il n’est pas bon, cette parole/cet acte que tu fais’ reprend Jéthro les paroles de la Genèse lorsqu’il observe la manière dont Moïse gère tout seul les nombreuses demandes d’aide du peuple qui, précise le texte, restait debout devant Moïse, faisait la file devant lui, pendant toute la journée. C’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu, justifie Moïse la situation, s’ils ont une affaire (dabar) je leur fais connaître les décrets et les lois de Dieu.

Moïse se présente donc comme interprète par excellence de la Loi, de la Parole de Dieu.  La critique de Jéthro n’en devient que plus acerbe. En quelques mots il rappelle à Moïse la toute première loi, le premier décret, le principe même de toute relation humaine qu’il aura à appliquer d’abord à lui-même : Il n’est pas bon ! La reprise littérale de ces quelques paroles de la Genèse est lourde de sens. Il n’est pas bon… que l’homme soit seul… Il n’est pas bon ton affaire (dabar) à toi ! Il n’est pas bon de faire et de parler (dabar est à la fois acte et parole) comme s’il n’y avait que toi pour le faire…

 

Il n’est pas bon ni pour toi ni pour ton peuple d’ailleurs, parce que toi comme le peuple vous vous épuiserez. La phrase est dense et le vocabulaire employé est puissant avec ce dédoublement du verbe ‘épuiser’, ‘nabbol tibol’, tu vas t’épuiser, à coup sûr, comme l’herbe qui fane ‘s’épuise) (ps 37,2 ; Es 40,7 e.a.), comme la montagne qui s’écroule et s’effrite (s’épuise) (Job 14,18) tu t’épuiseras et tu entraineras ton peuple dans ta chute.

Afin d’éviter cette déchéance, Jéthro invite Moïse à réorganiser son travail et à déléguer. Partager les responsabilités avec d’autres et ainsi alléger sa charge. Qu’ils la portent avec toi ! s’exclame Jéthro. Il a le regard objectif d’un auditeur externe qui permet de déceler des disfonctionnements que l’on a fini par intégrer et considérer comme étant normal ou inévitable. Suivre son conseil aura deux avantages : Moïse tiendra le coup et tout le peuple rentrera chez lui en paix…

 

Le rabbin Jonathan Sacks, grand rabbin émérite de la Grande Bretagne, reprend, dans son commentaire du livre de l’Exode, l’interrogation du rabbin Naftali Tzvi Jehouda Berlin. Ce rabbin du XIXème siècle appelé aussi Netziv, se demande : On comprend pourquoi le conseil de Jéthro fut une bonne chose pour Moïse puisqu’il s’épuisait au travail. Mais pourquoi est-il dit que le peuple regagne ses tentes ‘en paix’ quand Moïse délègue ses responsabilités ? On pourrait répondre à cette question que si Moïse se fait aider par une équipe de sages les files d’attentes se résorbent ; le peuple pourra donc rentrer chez lui ‘en paix’.

Mais Netziv rappelle, pour répondre à sa propre question, une discussion menée dans le Talmud concernant le ‘compromis’ dans le cadre juridique. Selon certains rabbins faire un compromis n’était pas permis. Selon eux, il fallait dans toute situation appliquer la loi de manière objective et stricte. D’autres proposaient plutôt une démarche de conciliation ou de médiation où les partis impliqués chercheraient, avec le soutien d’un tiers, une solution négociée qui convienne à tous les partis et soit ressentie comme équitable plutôt que juridiquement correcte.  Rabbi Jehouda ben Korcha disait : ‘il est bon de faire une médiation car il est écrit : ‘dans vos tribunaux prononcez des jugements véridiques rétablissant la paix’ (Zach 8,16). Il n’y a pas la paix dans la justice stricte.  Et s’il y a la paix il n’y a pas de justice stricte. Alors, quelle est la justice qui peut coexister avec la paix ? Nous devons conclure : la médiation.’ 

Si, finalement, on admet qu’une médiation puisse avoir lieu ce sera à condition que le juge n’a pas encore statué sur la culpabilité ou l’innocence des partis. Dans le cas contraire, ce serait mépriser la Loi de ne pas l’appliquer.

Alors, Moïse n’était-il pas capable d’une démarche de médiation ou de conciliation ? Non, dit Netziv. Moïse n’était pas un homme de compromis car étant le plus grand prophète qui n’ait jamais existé, il savait très vite lequel des partis était coupable, lequel avait raison, lequel se trompait… Dès lors un compromis négocié n’était plus envisageable.

Ainsi, Netziv arrive à la conclusion qu’en déléguant ses fonctions à des personnes n’ayant pas sa perspicacité juridique et manquant une connaissance scrupuleuse de la Loi, Moïse permettait que d’autres que lui menaient une médiation qui apportait la paix entre les partis. En effet, la médiation permettrait à tous les partis de trouver quelque avantage dans leur accord. Et Netziv de conclure : le fait de déléguer prévenait Moïse de l’épuisement mais en plus cela permettait au peuple de rentrer à la maison, en paix.

 

Je vais tout doucement devoir terminer cette méditation mais pas sans rappeler l’approche originale de la Loi de cet autre rabbi, l’homme de Nazareth. On y découvre, en filigrane, ses réflexions sur le travail et le juste salaire, ce qui nous ramène au début de ces réflexions.

On l’a souvent considéré comme un nouveau Moïse avec une vision de la Loi radicalement nouvelle qui permettait d’accomplir toute la Loi en apportant la paix.  « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.» (Matthieu 5, 17-18).

Et je pense à nouveau à ces paroles du prophètes Zacharie : Dans vos tribunaux prononcez des jugements véridiques rétablissant la paix…  Le peuple a été nombreux à se rendre chez Jésus ; comme au temps de Moïse on cherchait quelqu’un ‘pour consulter Dieu, pour règles des litiges et pour faire connaître les décrets et les lois de Dieu’ (ex 18, 15-16) Auprès de lui, ils ont trouvé la paix parce qu’il rendait justice selon l’esprit et non selon la lettre de la Loi.

Au-delà des prescriptions et décrets, il touche des lépreux, se laisse approcher par une prostituée et mange avec des pécheurs. En agissant ainsi il renverse nos critères de jugement. Il accomplit toute la justice quand il rétablit le lien avec ceux qu’on pensait devoir exclure au nom même de la Loi. Selon sa conception de justice il convient de donner un même salaire à l’ouvrier de la onzième heure et à l’ouvrier qui trime depuis 6 heures du matin. Parce que les deux ont faim de la même manière. C’est sa justice de donner autant d’amour à ceux qui pensent le mériter qu’à ceux qui savent qu’ils ne le méritent point. Parce que l’un et l’autre en ont autant besoin.

C’est de cette manière que le Christ est le Médiateur de la justice de Dieu. En lui la justice prend corps, la justice divine, une justice subversive.  Une justice qui apporte la paix.

 

Amen