Be Alert !

Be Alert !


Temps de culte mijoté par quatre pasteures du District de Liège de l'Église protestante unie de Belgique :

Heike Sonnen (Verviers Laoureux & Spa)
Marie-Pierre Tonnon-Louant (Seraing Centre)

Françoise Nimal (Verviers Hodimont)

Judith van Vooren (Liège Marcellis)



Voir le culte


Matthieu 25 1-13


1 « Alors il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l’époux. 

2 Cinq d’entre elles étaient insensées et cinq étaient avisées. 

3 En prenant leurs lampes, les filles insensées n’avaient pas emporté d’huile ; 

4 les filles avisées, elles, avaient pris, avec leurs lampes, de l’huile dans des fioles. 

5 Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 

6 Au milieu de la nuit, un cri retentit : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” 

7 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. 

8 Les insensées dirent aux avisées : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” 

9 Les avisées répondirent : “Certes pas, il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous ! Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous.” 

10 Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l’on ferma la porte. 

11 Finalement, arrivent à leur tour les autres jeunes filles, qui disent : “Seigneur, seigneur, ouvre-nous !” 

12 Mais il répondit : “En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas.” 

13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.



Prédication


L’avez-vous déjà installé ? L’appli Be Alert ?! Il nous permet d’être attentifs aux diverses mesures Covid et, surtout !, d’adapter notre comportement à l’urgence de la situation.

Be Alert ! Soyez vigilants ! Veillez !

C’est sur un même appel qu’aboutit la parabole que nous avons entendue ce matin. Voici une petite histoire plein de sens pour inviter les auditeurs que nous sommes à une vigilance accrue dans notre vie de croyant. Appel à ne pas nous endormir , appel à guetter l’arrivée de l’époux et avec lui l’avènement d’une réalité renouvelée, guérie et réconciliée que le langage symbolique de la Bible appelle de ce beau nom de royaume des cieux.

 

Aujourd’hui la parabole nous parle plus que jamais ;  nous nous trouvons dans une même urgence que les dix jeunes  filles de la parabole et même si  tout n’est pas exactement pareil, notre actualité peut être …. une parabole de la parabole !

 

Nous partageons avec ces dix filles le fait d’attendre non pas depuis quelques heures ou le temps d’une nuit, mais depuis quelques semaines, depuis quelques mois, nous attendons cet événement majeur , le moment ultime où le Covid revient en force… Nous savions bien que ce moment arriverait mais nous ne savions pas exactement quand …

Nous partageons avec les dix filles le fait que face à cet évènement il nous fallait nous préparer, prévoir les choses, renforcer le corps médical, prendre les précautions dans nos maisons de repos et de soins, préparer des vaccins, mais aussi prévoir des PC pour chaque élève, un toit pour chaque citoyen, mettre à l’abri toutes celles, tous ceux qui allaient souffrir les premiers …

Nous partageons encore avec toutes les filles le fait que nous nous sommes lassés un peu, découragés et fatigués nous nous sommes même un peu endormis …

 

Parce que même si l’on sait, c’est difficile de se préparer, surtout quand le temps d’attente semble long. Alors la vigilance baisse. On peut se laisser envahir par l’appréhension de l’inconnu, par l’inquiétude pour ce qui pourrait advenir, ou, au contraire, s’évader, un peu tête en l’air, trop insouciant, et croire que ce que nous attendons ne nous concerne pas directement, en tout cas pas encore.

Face à ce risque toutes les filles sont égales, nous dit le texte. C’est donc bien à toutes que s’adresse l’appel : Be Alert ! Soyez vigilantes !

 

Voyons maintenant par quoi les filles se distinguent.

 

Si les dix filles avaient toutes pris avec elles une lampe, seules cinq d’entre elles avaient également prévu de l’huile dans des fioles. Dans la parabole ce détail s’avèrera une différence décisive.

 

Quand enfin, au milieu de la nuit, c’est à dire au moment de la crise, elles aperçoivent l’époux , les filles qui n’arrivent pas à allumer leurs lampes prennent péniblement conscience de leur oubli.  Alors , elles supplient les autres filles de partager avec elle. Mais, nous dit l’histoire, c’est simplement pas possible. Il y a des choses qui ne se partagent pas. Cette huile-là n’est pas une ordinaire marchandise que l’on peut se passer de main en main . Et on peut vite aller en acheter, parce que oui, il y a des lieux pour cela, mais ce sera probablement trop tard. La parabole raconte que lorsque ces filles revenaient elles n’étaient pas reconnues par l’époux. La porte leur reste inexorablement fermée.

 

Comme ces cinq filles, qualifiées de folles, nous courrons le risque de ne pas prévoir les choses quand il est encore temps ; il arrive que, comme elles, nous omettons de saisir  ‘le momentum’, le ‘kairos’ quand il est là …

 

En d’autres moments, au contraire, nous partageons probablement avec les cinq filles sages le fait de prévoir de l’huile en abondance.

 

Mais que signifie au fait cette huile si précieuse et comment pouvons-nous nous approvisionner ? L’huile dans le contexte biblique est un bien précieux. On s’en sert pour oindre les rois, Jésus sera oint par une femme et reconnu ainsi comme Messie. Mais l’huile sert également à panser les plaies ; le Samaritain avait de l’huile et du vin en suffisance pour prendre soin de l’homme blessé au bord de la route. Ici, l’huile symbolise l’amour du prochain.

Dans notre parabole, l’huile est la source d’énergie qui maintient la flamme allumée, la source qui nourrit notre foi, notre espérance, notre confiance, mais aussi notre amour et notre solidarité ; tout ce qui brille et repousse les murs des ténèbres. Cette huile est toute l’énergie dont nous avons besoin pour accueillir activement le royaume des cieux parmi nous.  Et cette huile, cette énergie on l’accumule, tels des panneaux solaires, non pas pendant la nuit, mais pendant le jour.  On l’accumule quand on s’abreuve des merveilleuses paroles bibliques , quand on s’offre le temps de la prière et de la médiation.  On recharge ces batteries de notre foi lors des rencontres qui nous nourrissent et nous portent ; lors des moments d’émerveillement devant la beauté de la création , le temps d’une ballade, seul ou en bonne compagnie … autant de moments de bénédiction.

 Be Alert ! Soyez vigilants et rechargez vos batteries en temps et en heure !

 

Nous avons dit que la parabole fait écho à notre vécu ; mais il y a aussi une très grande différence.

Contrairement à nous aujourd’hui, les filles de la parabole ne sont pas en attente d’une catastrophe mais bien d’un évènement joyeux : l’arrivée , enfin, de l’époux pour entrer avec lui dans une fête, une fête de noces.

 

Avec les filles, toutes les filles, nous attendons un événement nouveau. Ce royaume des cieux , expression biblique pour la vie telle qu’elle pourrait être, telle qu’elle est censée être depuis toujours : une société idéale, un monde où triomphent la justice, la paix, et l’amour.  Concrètement, le royaume des cieux symbolise un monde qui fait de la place aux plus petits, aux plus fragilisés, aux personnes blessées et abîmées et, en ces hommes, femmes et enfants, un monde qui accueille Dieu lui-même. Ce royaume nous l’attendons alors qu’il fait encore nuit. Surtout quand il fait nuit. C’est aux moments sombres, quand l’angoisse gagne du terrain, quand la colère gronde, quand tout s’écroule, quand l’inhumanité gagne du terrain, que nous devons puiser au plus profond de nous, à la source, cette énergie que nous appelons la foi pour aller à la rencontre de l’époux.

Mais pourquoi l’attendre ? Pourquoi aller à sa rencontre ? Parce que, toujours dans l’imaginaire biblique, l’époux est Dieu lui-même qui invite à cette fête des noces avec l’humanité toute entière.

 

Et telle est la Bonne Nouvelle qu’en Jésus de Nazareth la fête a déjà commencé. Jésus dit : ‘Les invités à la noce peuvent-ils être en deuil tant que l’époux est avec eux ? ‘ ( Mt 9, 15). La jeune Eglise a pris conscience qu’en Jésus, le Christ, le royaume des cieux est déjà présent, comme la lumière de l’aurore qui perce l’épaisseur de la nuit. Avec lui, nous attendons que cette lumière se manifeste en toute sa splendeur. Et ce temps de l’attente n’est donc pas un temps de vacuité, mais le temps pour allumer nos lampes .

 

Be Alert ! On peut lire la parabole comme un appel à être alerte, attentif à cette réalité alternative. Elle nous invite à allumer nos lampes et à briller de mille feux, pour détecter dans la nuit du monde la moindre trace de ce monde autrement, ce monde nouveau.

Briller de foi et d’espérance envers et contre tout.

Croire et résister à l’angoisse et au sentiment d’impuissance.

Aujourd’hui, il faut veiller et briller afin d’éviter de se faire piéger dans les filets de la haine que certains actes ignobles pourraient susciter.

Etre vigilants quand dans notre langage de tous les jours se glissent des oppositions aussi dangereuses que simplistes du nous contre eux.

Etre vigilants face à des vérités qui s’imposent comme seules valables et rétrécissent les horizons.

Veiller contre l’indifférence par laquelle nous nous protégeons de la souffrance d’autrui.

 

Je terminerai par ces paroles,  de Lytta Basset, qui déjà ont retenti au début de cette célébration, paroles d’espérance renouvelée pour chacun et chacune d’entre nous !

 

Il n’est jamais trop tard pour Dieu, Il ne fait jamais trop sombre pour Dieu.
Nul n’est jamais perdu pour Dieu.
Rien ni personne ne prendra jamais notre place en Sa maison :
il nous attend, il nous attendra encore, le temps qu’il faudra.
Cette fois nous savons où aller :
nous mettrons nos pas dans ceux du Ressuscité et déjà la fête commence,
elle durera pour l’éternité, car c’est moi, dit Dieu,
c’est moi qui vous réconforte, afin que votre joie soit parfaite.

                   

Amen